Après une décennie de réformes économiques, le Cameroun est enfin recompensé. Le 28 avril 2006, le pays atteint "le point d'achèvement de l'initiative de réduction de la dette en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE). En clair, la communauté internationale a reconnu les efforts d'assainissement économiques menés par le gouvernement camerounais. En 2006, la dette a été ramenée de 33% à 3% du PIB. 1,6 milliard d'euros vont être réinjectés dans l'économie, ce qui correspond à 20% de plus par habitant et par an. Une manière de contenter la population à qui l'on a fait miroiter le point d'achèvement comme le début d'une nouvelle ère de prospérité. Mais, le succès de cette entreprise implique une politique volontariste deredistribution des revenus au profit des plus démunis. En effet, le gouvernement ne peut se contenter de garantir la croissance car, selon l'Institut National de la statistique, elle n'a pas d'impact immédiat sur le niveau de vie des plus démunis.
Pour réduire la pauvreté, il faut cependant mettre en oeuvre plusieurs stratégies, à commencer par un assainissement du cadre macro-économique. La diversification des activités est également primordiale. L'industrie agroalimentaire, notamment, doit être développée pour pallier au déclin des réserves pétrolières. 60% de la population active vit toujours du travail de la terre et l'agriculture assure 40% des exportations du Cameroun. De plus, le pays jouit de grandes ressources agricoles (banane, thé, hévéa, coton, sucre) grâce à sa diversité de climat et de végétation. Le Cameroun est, en revanche, déficitaire dans le domaine de l'élévage ou de la pêche. Le gouvernement doit aussi procéder au renforcement du secteur privé. Sous la pression du FMI et de la Banque mondiale, les privatisations des entreprises camerounaises, démarrées dans les années 1990, sont sur le point d'être achevées. Les dernières en date concernent laCamair (Compagnie aérienne Cameroon Airlines), reprise par SN Brussels et la Camtel (Cameroon Télécommunications), qui devrait être vendue sous peu. Le secteur des transports représente 15% du PIB et, jusqu'ici, seules les activités ferroviaires et portuaires avaient été privatisées. Enfin, le développement des infrastructures et l'accélération de l'intégration régionale doivent encore progresser.
le gouvernement vise un taux de croissance annuel de 6%, une inflation de 2% et un déficiti budgétaire inférieur à 3%. Le taux d'investissement, quant à lui, devrait se maintenir à 20% du PIB. Toutefois, le Cameroun part de très loin. Les progrès à réaliser sont immenses, tant sur le plan de la santé - la malria demeure la première cause de mortalité et le VIH ne décline pas-, que sur le plan du logement urbain. L'argent public ne soulage qu'un temps les problèmes et le gouvernement doit s'efforcer de mener une politique sur le long terme. D'autant plus que la corruption règne encore au Cameroun, comme en témoigne l'affaire du port autonome de Douala, la capitale économique du pays. En mars 2007, treize hauts dignitaires du parti majoritaire sont inculpés pour détournement de fonds publics, escroquerie... Le préjudice pour l'Etat camerounais est estimé à 40 milliards de francs CFA (63,2 millions d'euros). Pour le FMI et plusieurs diplomates occidentaux, ce procès devrait entraîner une campagne d'assainissement du pouvoir. Cette affaire prend un tour particulier dans le contexte politique actuel. En effet, le Président Paul Biya devrait achever son dernier mandat dans moins de cinq ans et selon les différents observateurs locaux, l'affaire pourrait bien ébranler les fondations du régime

C'est la débandade dans le secteur camerounais de la santé depuis le début des années 1990, avec 4000 médecins exerçant à l'étranger, en particulier les spécialistes. Les mauvaises conditions de travail et les bas salaires n'incitent pas les étudiants à travailler dans leur pays. Conséquence : au Cameroun, il ne reste que 400 médecins environ. 1 pour 10.000 habitants dans les villes et 1 pour 40.000 dans les zones défavorisées. L'OMS s'inquiète de ce phénomène qui va en s'aggravant: les expatriés ne reviennent pas au pays et les populations occidentales vieillissantes manquent aussi des médecins. En échange, le Cameroun ne reçoit rien pour compenser la perte de son investissement.